Masterclass de Jacques Dorfmann : Le parcours du producteur
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Masterclass de Jacques Dorfmann : Le parcours du producteur

Les étudiants en Prépa cinéma à Paris ont rencontré le producteur Jacques Dorfmann lors d’une conférence donnée le lundi 22 novembre 2021.   

Comment devient-on producteur ? Quel est le métier de producteur ? Quels sont les métiers et aptitudes relationnelles à avoir pour se lancer dans ce métier au carrefour de la fabrication d’un film ?

Jacques Dorfmann a connu très jeune ce métier par des membres de sa famille et surtout son père grand producteur de cinéma, Robert Dorfmann. Qui avait notamment produit Jeux interdits de René Clément, La Grande Vadrouille et Le Corniaud de Gérard Oury, Tristana de Bunuel et Trafic de Tati. Être producteur au début des années 70, c’est toute une aventure faite de rencontres nocturnes, de défis et de risques à prendre.

Jacques Dorfmann se lance dans la production en 1969 grâce à des amitiés dans le cinéma qui lui permettent de produire son premier film réalisé par Nadine Trintignant avec Robert Hossein, Jean-Louis Trintignant et Bernadette Lafont : Le Voleur de crimes. Même si le film ne fait pas recette mais Jacques Dorfmann semble avoir trouvé sa voie.

Ce hasard des rencontres a jalonné toute la carrière de Jacques Dorfmann. Par affinité, le producteur s’est associé avec des réalisateurs qui comptent pour lui. À commencer par Jean-Pierre Melville dont il aimait le style et les univers. Jacques Dorfmann revient sur les péripéties étonnantes de leur première rencontre dans le meilleur restaurant chinois de Paris où ils restent 6 heures à parler de cinéma. Le producteur, alors âgé de seulement 22 ans, a frappé à la bonne porte. Le réalisateur aux films noirs s’engage à l’accompagner dans son métier de producteur. Et signe avec lui deux films importants : L’Armée des Ombres en 1969 et Le Cercle rouge en 1970. 

Interface entre toute une équipe, le producteur doit “faire en sorte de faire exister tout le monde” et composer avec les caractères. De Jean-Luc Godard, dont il a produit avec son ami Jean-Pierre Rassam le film Tout va bien en 1972 avec les stars Yves Montand et Jane Fonda. Jacques Dorfmann se souvient d’un réalisateur simple et efficace, ayant une idée précise des plans à tourner avec son co-réalisateur Gorin. Quant à Maurice Pialat, dont il a produit Nous ne vieillirons pas ensemble en 1972 avec Jean Yanne et Marlène Jobert, il évoque un homme “plus compliqué. Il aime le conflit” surtout pendant le tournage pour pousser les acteurs dans leurs retranchements. Il deviendra d’ailleurs l’ami de Jean Yanne. Et il produira un film caustique sur l’univers de la radio : Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en 1972.

Interrogé par un étudiant sur la partie créative du producteur, Jacques Dorfmann explique : “Plus les gens ont une notoriété et un style, plus c’est compliqué d’interférer sur leur création”. Jacques Dorfmann a choisi dans sa carrière de financer des projets de cinéastes ayant de fortes personnalités. Le producteur est là pour leur faciliter la création d’un film. Aux États-Unis, le producteur a le final cut, c’est lui qui décide. En France, c’est le réalisateur.

Au fil du temps, Jacques Dorfmann a fini par s’imposer au gré de ses projets. Il rencontre un grand succès avec La Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud, César du meilleur film en 1981, coproduit avec son ami Claude Léger dont il a appris la mort récente. Jacques Dorfmann souhaite dédiée cette conférence à Prép’art à son ami qui a aussi produit son deuxième film en tant que réalisateur, Agacuk, une épopée en terre inuit. Ayant choisi de passer derrière la caméra à trois reprises, le producteur a tissé sa toile en suivant ses convictions personnelles. 

Merci à Jacques Dorfmann d’avoir inauguré nos ateliers-rencontres, nos masterclass cinéma avec nos étudiants et pour ces échanges informels enthousiasmants ! 

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