Sylvain George cineaste en master classe à Prép'art
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Sylvain George : Rencontre avec le cinéaste

Les étudiants en prépa cinéma à Prép’art Paris ont rencontré en décembre le cinéaste, metteur en scène et écrivain Sylvain George.

Le film documentaire Nuit obscure – Feuillets sauvages (Les brûlants, les obstinés) a été tourné durant trois ans à Melilla, ville autonome espagnol enkystée sur la côte marocaine face à l’Europe. À cette frontière hérissée de palissades et de grilles et de barbelés pour décourager les migrants venus de l’Afrique sub-saharienne et du Nord.
Sylvain George a fréquenté ceux qui espèrent opiniâtrement trouver les moyens de passer de l’autre côté.
Nuit obscure est l’histoire de jeunes hommes, d’enfants même, qui occupent les marges d’un territoire en des conditions de dénuement extrême où la solidarité, l’amitié sont des expressions de la survie. 

Lors de son échange avec les étudiants qui ont visionné précédemment le film documentaire, Sylvain George a abordé les coulisses de ce tournage particulier, avec son approche des personnes, du contexte, du lieu ou encore des questions de sécurité. En revenant sur un moment marquant où il a observé que les personnes en migration se brûlaient temporairement les empreintes digitales pour pouvoir passer de pays en pays. Et contrer le système d’information Eurodac, qui détermine le pays de l’Union européenne responsable de l’examen d’une demande d’asile ou de protection subsidiaire. Le cinéaste a expliqué comment il a appréhendé ce sujet : « L’idée, c’est d’attester d’un certain nombre de réalités mais en évitant l’écueil de la spectacularisation. Il ne faut pas faire d’images chocs, du spectaculaire, avoir une approche voyeuriste. Par contre, on voit que dans cette situation, c’est une conséquence directe des politiques européennes ».

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« C’était important pour moi d’avoir un point de vue dialectique sur les choses, de montrer un dispositif européen dont les conséquences sont terribles et comment ces personnes réagissent », a-t-il expliqué sur sa manière de filmer et de raconter cette situation. Sur l’exemple de ce dispositif et le fait de savoir s’il est possible de le montrer ou non au public, Sylvain George a souligné qu’il faut d’abord s’assurer de « savoir si les autorités policières connaissent ce dispositif ». 

« Mon approche est un peu celle que l’on peut avoir dans les sciences humaines, où l’on fait un travail de lecture, on formule des hypothèses, on mobilise un certain nombre de ressources. Après, quand on va sur le terrain, il faut mettre ce travail préparatoire en discussion. C’est là qu’entre en jeu la politique du cinéaste, comment on entre en relation avec les sujets et les lieux », a expliqué Sylvain George. 

Sur le terrain avec sa caméra, le cinéaste tend à « décomposer des représentations déjà mises ». Comment ? « En enquêtant, en approchant les personnes, en s’intéressant à leur sensibilité, à leur réalité, ça permet d’opposer une critique à cette représentation avec des éléments tangibles, et ainsi de donner une nouvelle présentation », a raconté Sylvain George qui souligne qu’il est important de « savoir quand filmer et ne pas le faire ».